PRIX WEPLER - FONDATION LA POSTE 2011

la selection

  • Jean-Christophe Bailly, Le dépaysement : voyages en France, Éditions du Seuil

  • Lilyane Beauquel, Avant le silence des forêts, Éditions Gallimard

  • Nicolas Bouyssi, S’autodétruire et les enfants, Éditions P.O.L

  • Sylvain Coher, Carénage, Éditions Actes Sud

  • Kamel Daoud, Le Minotaure 504, Éditions Sabine Wespieser

  • Patrick Deville, Kampuchéa, Éditions du Seuil

  • François Dominique, Solène, Éditions Verdier

  • Alain Jaubert, Tableaux noirs, Éditions Gallimard

  • Philippe Lançon, Les îles, Éditions JC Lattès

  • Éric Laurrent, Les découvertes, Éditions de Minuit

  • Lorette Nobécourt, Grâce leur soit rendue, Éditions Grasset

  • Sophie Schulze, Allée 7, rangée 38, Éditions Léo Scheer

le jury

  • Lola Creis, lectrice

  • Alain Dutot, lecteur (La Poste)

  • Karine Henry, libraire (Comme un roman)

  • David Houte, libraire (Librairie des Abbesses)

  • Deborah Junca, lectrice (détenue au Centre pénitentiaire de Rennes)

  • Alice Maindron, lectrice

  • Victor Pouchet, critique littéraire (Magazine Littéraire)

  • Marie-Madeleine Rigopoulos, critique littéraire (France Inter)

  • Christophe Rioux, enseignant et journaliste

  • Gilles Tordjman, journaliste

  • Anne Vigner, enseignante et coanimatrice aux jeudis littéraires

  • Marie-Rose Guarniéri, fondatrice du Prix Wepler-Fondation La Poste

  • Élisabeth Sanchez, secrétaire générale du Prix Wepler-Fondation La Poste

LE LAURÉAT

Éric Laurrent - Les Découvertes, Éditions de Minuit

LA MENTION SPÉCIALE

François Dominique - Solène, Éditions Verdier

Les Discours

ÉRIC LAURrENT

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Je ne vous dissimulerai pas ma surprise, non d’être ici parmi vous ce soir, attendu que je suis un vieil habitué de la remise du prix Wepler-Fondation La Poste, cérémonie à laquelle je me flatte de m’être rendu chaque année depuis sa création il y a maintenant quatorze ans et où je me fusse, quoi qu’il en fût, trouvé de nouveau cette année, quand bien même mon nom ne serait point apparu parmi les heureux sélectionnés de sa promotion 2011, non seulement assuré d’y revoir quelques amis et connaissances, mais désireux par ma modeste présence de soutenir, fût-ce discrètement, une flûte de champagne à la main, une coquille d’huître dans l’autre, une conception exigeante de la littérature, somme toute peu éloignée de la mienne (ce qu’atteste, si besoin en était, la liste des anciens lauréats, laquelle compte nombre d’auteurs dont j’estime grandement le travail, à commencer par mes illustres camarades de publication Eric Chevillard et Laurent Mauvignier),mais de me trouver là, devant vous, seul ou presque sur cette estrade, à la croisée de tous les regards, en qualité de récipiendaire, n’ayant jamais, en vérité, visé ni même rêvé à quelque prix littéraire que ce soit, par indifférence aux honneurs et dédain pour toute distinction tout d’abord, par lucidité ensuite, conscient que je suis (et ce discours en offrira une nouvelle fois l’illustration) du caractère bien souvent rébarbatif de mon écriture précieuse et contournée, qui réclame sans doute au lecteur plus d’efforts qu’il n’est accoutumé à en fournir en règle générale et en a exaspéré, en exaspère et en exaspérera sans aucun doute encore plus d’un, et que, me disais-je tout au long de sa rédaction, rendrait davantage exaspérante, car plus saillante, le sujet très personnel, intime même, de l’ouvrage qui me vaut d’être devant vous ce soir, soit l’éducation plus sexuelle que sentimentale d’un jeune garçon qui emprunte beaucoup à mes traits, dont, sinon pour moi, qui ai pris grand plaisir à l’écrire, l’intérêt pour autrui m’échappait et continue de m’échapper encore, de sorte qu’il serait en définitive plus exact de parler de stupéfaction que de surprise pour qualifier l’état second qui est le mien tandis que je m’adresse à vous et du fond ouateux, embrumé, torpide mais pas désagréable duquel je voudrais nonobstant vous remercier de m’avoir écouté et, plus chaleureusement,exprimer à mesdames, mesdemoiselles et messieurs les jurés ma vive reconnaissance – et, plus que cela même, mon éternelle gratitude.