PRIX WEPLER - FONDATION LA POSTE 2006

LE LAURÉAT

Pavel Hak - Trans, Éditions du Seuil

LA MENTION SPÉCIALE

Héléna Marienské - Rhésus, Éditions P.O.L

Les Discours

Marie-Rose Guarnieri

En cette neuvième année, plus que jamais, je tiens à saluer l’endurance et la conviction visionnaire de mes deux partenaires, à savoir Michel Bessieres et son équipe de la brasserie, ainsi que la Fondation La Poste en la personne de Dominique Blanchecotte. Je dois remercier aussi tout particulièrement cette année la belle surprise de l’arrivée à nos côtés d’un grand studio artistique en la personne de Gérard Le Monaco. Avec son univers graphique, il a su traduire en
signes et en couleurs la symbolique de ce que nous tentons de jouer encore cette année. Encore merci ! Merci à tous ces partenaires pour leur confiance. Grâce à eux, nous avons pu défricher, imposer, ouvrir un avenir de plus pour la littérature contemporaine. Tenez, bon avec nous, car plus le jeu littéraire s’étrique, et moins les éditeurs de création et les grands auteurs – victimes car pas assez commerciaux – s’y retrouvent.

Le levier fondamental pour nous du jury tournant, bien qu’il soit éludé par une poignée de notables parce qu’il dérange un système d’intérêts, vous a, accordez-nous au moins cela, épargné la comédie des faux débats médiatiques et des querelles littéraires de personnes, bidonnées et rances. Toutes les rentrées ne se ressemblent-elles pas à force de formatage et de collectivisation enthousiaste autour d’un livre unique ? Nous essayons, nous, simplement, de poursuivre une
aventure critique en travaillant les lacunes inévitables d’une réception littéraire.

La neuvième édition du Prix Wepler est une tentative de mettre au centre ce que des écrivains tracent dans le secret de l’écriture et de redonner un mouvement au livre.

Avec ce jury éphémère, nous sommes heureux d’en fêter onze et d’en couronner deux d’un même élan.

Nous saluons, comme nous le ferons toujours, car grâce à eux nous faisons de merveilleux métiers, les auteurs, les romanciers, les poètes… en un mot tous les écrivains vivants de ce monde. Et je n’oublie pas ce soir de saluer la mémoire d’un grand écrivain et ami pour moi, Vincent de Swarte. Chaque année, il était présent ici même avec nous et nous manque cruellement. Il est mort le 24 avril de cette année et avait obtenu en 1999 la mention spéciale pour son roman Requiem pour un sauvage.

pAVEL HAK

Je veux remercier le jury du PRIX WEPLER, sa fondatrice Marie-Rose Guarniéri, et La Poste. Ce prix, dont tout le monde reconnaît l’indépendance, est un prix important pour moi, non seulement parce qu’il ne m’a pas écarté de la course, mais aussi parce que, par le passé, il a récompensé des écrivains que je lis et relis, comme François Bon et Antoine Volodine, pour ne nommer qu’eux.

Mon roman Trans (transformation, transmutation, ou, comme on le découvre dans le roman, transfert des populations) parle d’un certain type d’existences. Il met en scène des gens qui doivent – pour survivre – quitter leur pays, changer de continent, contraints à ce choix par la misère, des conditions matérielles difficiles, la répression, souvent la guerre. Et je pense que l’on ne peut pas construire l’avenir de ce monde sans ces gens-là. Ce roman était donc pour moi un combat littéraire pour montrer cette partie-là de l’humanité, démontrer qu’il s’agissait d’êtres humains. Et je crois que ma rencontre avec le jury du PRIX WEPLER s’est faite quelque part autour de ces personnages. Ce qui me touche, tout particulièrement ici, en France.

Une dernière chose : j’ai envoyé le manuscrit de mon roman Trans aux éditions du Seuil par la poste… – et, visiblement, ça porte bonheur. Merci encore.