Les philosophes sont-ils humanistes ?

La question « Qu’est-ce que l’homme ? », disait Kant, est la question fondamentale de la philosophie. Disons que c’est, en tout cas, l’une de ses questions principales. Cela n’implique pas que tout philosophe soit humaniste, mais que tous doivent se prononcer sur ce que nous sommes, sur ce que nous pouvons ou devons être. Faut-il pour autant mettre l’homme au centre ou au sommet de tout ? Faire de l’homme notre Dieu ? de l’humanisme, notre religion ? Je n’en crois rien, et c’est ce que les dix livres que j’ai retenus m’ont aidé – de dix façons différentes et parfois opposées – à comprendre. L’homme n’est pas notre Dieu, mais notre prochain. L’humanisme n’est pas notre religion, mais notre morale. « Misère de l’homme », disait Pascal après Montaigne. Mais pour ajouter : « C’est être grand que se savoir misérable ». Double prise de conscience, aussi nécessaire aujourd’hui que du temps de Pascal, mais plus urgente. L’humanisme qui correspond aux besoins de notre époque doit être conscient de ses propres limites, comme de celles de l’humanité : humanisme de la finitude et de la miséricorde.

Biographie : Philosophe matérialiste, rationaliste et humaniste, André Comte-Sponville fut longtemps maître de conférences à l’Université Paris I. Il est l’auteur d’une trentaine de livre, dont le Traité du désespoir et de la béatitude (PUF, 1984 et 1988) et le très célèbre Petit traité des grandes vertus (PUF, 1995).

Bibliographie : 

  • Epicure, Lettres et Maximes (de préférence dans l’édition de Marcel Conche, aux PUF).

  • Marc Aurèle, Pensées pour soi, GF

  • Montaigne, Essais, Edition Villey, aux PUF, coll. «Quadrige », ou Lanly, « en français moderne », Quarto Gallimard

  • Descartes, Méditations métaphysiques, édition Beyssade, en GF

  • Pascal, Pensées ; édition Le Guern, Folio

  • Spinoza, Ethique, trad. Appuhn, GF

  • Voltaire, Dictionnaire philosophique GF

  • Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Folio

  • Camus, Le Mythe de Sisyphe, Folio

  • Francis Wolff, Notre humanité, Fayard

les réfractaires

Pour cette flânerie, nous suivrons la trace de quelques auteurs qui savent résister aux discours dominants et aux formes que ces discours empruntent. Réfractaires, irrrévérencieux, insoumis, ils ont su contester les formes déjà constituées de la littérature et de la pensée pour emprunter des chemins de traverse. Soit qu’ils racontent autrement la grande histoire (E.Hilsenrath), soit qu’ils utilisent des formes étranges et nouvelles pour écrire (J.Berger, M.Wittig,) soit que les personnages qu’ils mettent en scène occupent des lisières (A.Wauters), ou que ces personnages regardent nos sociétés avec un œil critique (N. Lefèvre), soit encore qu’ils bousculent les idées reçues (G. Réal, G.Chamayou, M.Frisch, V. Despret), tous ébranlent nos manières de penser, de parler, d’agir et de juger. Avec sérieux ou sur un mode ludique, ils changent notre rapport au langage (Y. Pagès), font vaciller nos représentations. Ils nous étonnent, nous inquiètent, nous réjouissent, ils stimulent notre curiosité. Bref, ils nous rappellent que la lecture est une activité dangereuse grâce à laquelle nous sommes obligés de réviser sans cesse ce que nous croyions fermement connaître.

Biographie : Olivia Rosenthal est maîtresse de conférences en littérature à l’université de Paris VIII, écrivaine, romancière, dramaturge et performeuse française. Elle a publié de plus dix fictions aux éditions Verticales dont On n’est pas là pour disparaître (2007, prix Wepler), Que font les rennes après Noël ? (2010, Prix du Livre Inter 2011)

Bibliographie : 

  • Elgard Hilsenrath, Nuit, Le Tripode

  • Grisélidis Réal, La passe imaginaire, Verticales

  • John Berger, De A à X, éditions de l’Olivier

  • Noémi Lefèbvre, L’enfance politique, Verticales

  • Monique Wittig, L’Opoponax, Minuit

  • Antoine Wauters, Moi, Marthe et les autres, Verdier

  • Pagès. Tiens, ils ont repeint, 50 ans d’aphorismes urbains, La Découverte

  • Max Frisch, Questionnaires, Cent Pages

  • Grégoire Chamayou, Théorie du drone, La Fabrique

  • Despret, Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? La Découverte

d’où vous viennent toutes ces idées ?

Une invention, au cœur d’un récit, peut être gigantesque ou microscopique, souterraine ou volatile, elle peut être malveillante ou bien domestique et inoffensive, elle peut être le fantasme d’un escroc ou l’idéal d’un philanthrope, élaborée par amour, par désespoir, par jeu, pour tuer l’ennui ou troubler les sens. Dans tous les cas, elle compte bien apporter du neuf et, ce faisant, distraire le lecteur.
Prenons par exemple L’invention de Morel, le roman d’Adolfo Bioy Casares, considéré par Borges comme l’un des plus ingénieux qui soient : il y est question d’un mécanisme de projecteur de cinéma à trois dimensions, à l’échelle de toute une île, mis en marche au gré des marées, conçu pour perpétuer les fantômes de personnes disparues. D’une certaine manière, nous voilà en présence d’une machine narrative : elle anime des personnages, raconte une histoire sans fin et prend plaisir à la reprendre chaque jour à son début. Le récit d’une invention est ici, comme souvent, l’occasion d’évoquer l’invention du récit.

Biographie : Pierre Senges est né à Romans en 1968. Il vit à Paris. Il est l’auteur, aux Éditions Verticales de dix livres. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis en 2013-2014, il travaille régulièrement pour la radio, le théâtre, l’opéra et des musées. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses recherches universitaires et donné lieu au récent Pierre Senges, l’invention érudite (Minard, 2019). Prix Wepler-Fondation La Poste 2015

Bibliographie : 

  • Adolfo Bioy Casares : L’invention de Morel (10/18)

  • Savinien de Cyrano de Bergerac : Les États et Empires de la Lune (Folio)

  • G. K. Chesterton : Le club des métiers bizarres (Imaginaire Gallimard)

  • Roberto Arlt : Le Jouet enragé (Cent Pages)

  • Sergio Aquindo : La Mère Machine (Rackham)

  • Sigismund Krzyzanowski : Le marque-page (Verdier)

  • Sigismund Krzyzanowski : Souvenirs du futur (Verdier)

  • Jean-Paul Richter : Mon enterrement vivant (Corti)

  • Arno Schmidt : Goethe et l’un de ses admirateurs (Tristram)

  • Galilée : Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (Points Seuil)

  • Eduardo Berti : Inventaires d’inventions (inventées) (La Contre Allée)

Vivre au-delà du capital

Il est des sociétés et des politiques bien au-delà de celles que le capital nous impose, des villes invisibles en dehors de celles que l’on habite, où le vivant est une seconde respiration. Hors de nos ornières technologiques, nous y arpentons des sentiers par milliers pour y rencontrer des personnalités extra-ordinaires, extra-normes, qui avivent nos forces et nos flux. Cet échange neuf avec notre environnement et autrui passe par le langage, par les sens, l’affect, par tout ce qui nous empuissante et tout ce qui fait de nous beaucoup plus qu’un outil-produit. Cette flânerie est un appel à la vie loin des barrières capitalistes : une invitation au mouvement vers l’Autre.

Biographie : En trois romans et un recueil de nouvelles, Alain Damasio est devenu un classique construisant une œuvre rare, sans équivalent dans la science-fiction francophone. Son travail physique, physiologique de la langue, donne corps à des récits polyphoniques animés par ses préoccupations politiques et ses innovations typographiques.

Bibliographie : 

  • Manière d’être vivant de Morizot, Actes Sud

  • Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce de Morel Darleux, Libertalia

  • Capitalisme et schizophrénie : Mille Plateaux de Deleuze & Guattari, Minuit

  • Toxoplasma de Sabrina Calvo, Folio

  • À nos amis du Comité Invisible, La Fabrique

  • Théâtre des paroles de Valère Novarina, POL

  • FAUST de Serge Lehman, Diable Vauvert

  • Ne plus se mentir de Gancille, Rue de l’Echiquier

Les décembristes en littérature

Cette flânerie sera à l’image de Pauline Annenkov, la modiste Française dont j’ai retrouvé les Mémoires à Saint-Pétersbourg : un voyage franco-russe. Il commencera dans le Paris des années 1820 avec le roman qu’Alexandre Dumas écrivit sur Pauline, puis la saga que Balzac consacra à l’univers des courtisanes parisiennes, dont elle fut peut-être. Avec Stendhal et Pouchkine, nous comprendrons comment la représentation romantique de l’amour a pu la convaincre, contre toute raison, à rejoindre son amant aux portes de son bagne sibérien, comme sept princesses russes tout aussi éperdues qu’elles. Puis Jules Verne nous entraînera sur les chemins du Baïkal avec son Michel Strogoff, dont la Russie imaginée n’a rien à voir avec les réalités décrites par Dostoïevsky ni même par Dumas lorsqu’à son tour, il voyagea en Russie, ouvrant ainsi la voie à toutes les équipées d’écrivains français en Russie, tel Olivier Rolin qui, en 2016, s’aventura sur les terres les plus extrêmes de la Sibérie contemporaine.

Biographie : L’œuvre d’Irène Frain — plus de 40 ouvrages, romans et biographies pour l’essentiel — se signale par sa passion des traces, un intérêt marqué pour les enjeux de la condition féminine et le goût des voyages, souvent lointains et aventureux sur les routes qu’empruntèrent ses personnages. Il y a peu, elle a remonté de Saint-Pétersbourg à l’extrême Sibérie une jeune Française du XIXème siècle qui sauva son amant des geôles du tzar et elle a relaté cette quête dans son dernier opus:  » Je te suivrai en Sibérie ».

Bibliographie : 

  • Alexandre DUMAS, Le Maître d’Armes, ed des Syrtes

  • Honoré de BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, Folio

  • STENDHAL, De l’amour, GF

  • Jules VERNE, Michel Strogoff, Livre de poche

  • Alexandre POUCHKINE, Eugène Onéguine, Folio

  • Fédor DOSTOIEVSKI, Correspondance, Calmann (2 volumes)

  • Fedor DOSTOIEVSKI, Souvenirs de la Maison des Morts, Folio K43

  • POUCHKINE, Poésies

  • Alexandre DUMAS, Voyage en Russie

  • Olivier ROLIN, Baïkal-Amour, Point

Des livres tous « stupéfiants »

Maux physiques ou psychiques, recherche du plaisir ou pure curiosité intellectuelle pour l’inconnu : toutes les raisons ont été bonnes aux écrivains pour consommer des drogues, s’interroger sur leur pouvoir et leur influence sur l’esprit, en décrire les effets réels ou imaginaires. Depuis la fin du XVIIIe siècle qui voit surgir en Angleterre les premiers « mangeurs d’opium » jusqu’aux jeunes auteurs contemporains friands de nouvelles molécules chimiques, ils ont été des centaines à écrire sur les substances psychoactives. Du Club des Haschischins romantiques aux délires californiens sous LSD décrits par Tom Wolfe, de la cocaïne de Weimar et des années folles aux expérimentations multiples d’Ernst Jünger et d’Henri Michaux – en passant par la recherche de la volupté opiacée et des expériences contrastées de l’héroïne – l’exploration de l’imaginaire des drogues à travers ses plus grands livres permet de raconter une autre histoire de la littérature : une histoire parallèle toujours stupéfiante.

Biographie : Cécile Guilbert s’est fait connaître par ses essais littéraires avec Saint-Simon ou l’encre de la subversion (1994), Pour Guy Debord (1996), L’Écrivain le plus libre (2004) et Warhol Spirit, essai graphique couronné par le prix Médicis de l’essai en 2008. Elle est aussi l’auteur de romans et de récits comme Réanimation (2012) et Les Républicains (2017) publiés chez Grasset. Longtemps critique littéraire au Monde des Livres et au Magazine Littéraire, préfacière d’œuvres de Sade et, dans la collection « Bouquins » des volumes Littératures de Nabokov et Œuvres maîtresses de Sacher-Masoch. Son dernier livre « Écrits stupéfiants » est paru en 2019, aux éditions Robert Laffont.

Bibliographie : 

  • Allia – Anonyme, Les rêveries du toxicomane solitaire

  • Nick Tosches, Confessions d’un chasseur d’opium

    Gallimard

  • P. Drieu La Rochelle, Le Feu follet

  • W. Burroughs, Le Festin Nu (Folio)

  • Ernest Jünger, Approches, drogues et ivresse

  • H. Michaux, Misérable miracle, la mescaline (nrf)

    Robert Laffont/ Bouquins

  • Théophile Gautier, Œuvres

  • C. Baudelaire, Œuvres complètes Point Seuil

  • Tom Wolfe, The Acid Test H19Rivages Poche

  • Walter Rheiner, Cocaïne

Est-ce moi dans la littérature

Platon fut le premier à oser écrire JE, à se placer en tant que personnage réel dans ses textes. Depuis, Marcel Proust, Romain Gary, Houellebecq (pour n’en citer que quelques-uns) ont continué dans cette lignée et ont fait de leur vie le sujet de leurs livres. Mais pourquoi écrire JE en littérature ? Pourquoi choisir son propre miroir pour regarder ce qui nous entoure et l’offrir aux autres ? Notre histoire mérite-t-elle d’être racontée ? Intéressera-t-elle le lecteur au point de lui faire tourner les pages ? Nous nous baladerons dans la littérature pour y découvrir une forme d’introspection, un moyen de transcender l’individu pour parler du monde, de creuser chacune de nos failles si personnelles et en faire des forces à partager. Comme disait Jean-Jacques Rousseau : « Si je ne vaux pas mieux [qu’un autre], au moins suis-je autre… »


Biographie : Constance Debré est avocate, et l’auteure de quatre romans dont le très remarqué Play Boy, paru chez Stock, primé par le Prix de la Coupole en 2018. Love me tender est son deuxième roman autobiographique où son écriture est de plus en plus anguleuse et sèche.

Bibliographie : 

  • Les confessions, Saint augustin, Point ou POL

  • Les confessions, Rousseau, Livre de poche (2 volumes)

  • La vie matérielle, Duras, Folio

  • Pas un jour, Anne F. Garréta, Grasset

  • Roland Barthes par Roland Barthes, Point

  • Sujet Angot, Christine Angot, Stock

  • Dans ma chambre, Guillaume Dustan, POL

  • W ou le souvenir d’enfance, Perec, Gallimard

La Guerre des trois n’aura pas lieu

Même si cela nous parait parfois étrange, nous sommes amis et nous écrivons des livres. Faut-il dire pour autant que nous nous sommes rencontrés autour de ça ? Faut-il dire qu’au prétexte que nous écrivons nous avons pu nouer des liens ? Oui. Non. Nous ne savons pas. Cette part de notre existence solitaire – lire, écrire comme deux activités indissociables, seul devant la table de la cuisine, au bistrot ou à la bibliothèque – se sont simplement retrouvées embarquées dans nos discussions, dans le calme de la bière et dans le bleu de la nuit.


Biographie : L’idée ici sera de parler de quelques textes qui nous ont marqués à tel point que nous avons compris, chacun de nos côtés, que nous ferions ça quoi qu’il advienne et peut-être même contre le reste. Pour la formule, les textes fondateurs de nos petites activités et de nos grandes bitures.
Nous ne sommes pas des collègues.

Bibliographie : 

  • Mes Amis – Emmanuel Bove, l’Arbre vengeur ou Livre de poche

  • Extinction – Thomas Bernhard, L’Imaginaire

  • La cendre aux yeux – Jean Forton, le Dilettante

  • Septentrion – Louis Calaferte, Folio

  • Haute Solitude – Léon Paul Fargue, Gallimard

  • Le Hussard bleu – Roger Nimier, Folio

  • Autoportrait d’un bandit dans son adolescence

  • Limonov, Albin Michel

  • Viande à brûler – César Fauxbras, Allia

  • Bas-fonds de Berlin – Kessel,

  • La Gana – Fred Deux, Le temps qu’il fait

La bande dessinée regarde le monde

Si l’imaginaire demeure un fleuve puissant de la bande dessinée, l’observation du réel est peut-être devenu en une trentaine d’années sa source la plus bouillonnante . Elle a de fait régénéré la fiction, créant en une génération de nouveaux genres et de nouveaux formats.
Autrices et auteurs de bande dessinée, dotés d’un œil et d’une main, disposent il est vrai des parfaits outils pour collecter autour d’eux les minuscules fragments de vie. Ils savent saisir l’indicible ou l’incompréhensible du monde, pour de le restituer, par la grâce de leurs mots et de leurs dessins, et le rendre ainsi visible à chacun de nous.
De Bagdad aux banlieues de Philadelphie en passant par les couloirs parquetés du Louvre, les dix livres de cette flânerie sont autant de collectes sensibles et subjectives, dont le point commun est de regarder le monde, à hauteur d’homme ou parfois des nations, mais pour toujours nous donner à le voir, tel qu’il fut, tel qu’il est, et parfois même tel qu’il sera.

Biographie : Cyril Pedrosa, né en 1972, est auteur de bande dessinée. Primé au Festival International d’Angoulême pour son ouvrage Trois Ombres, puis Portugal en 2009, son dernier livre L’Age d’or, co-écrit avec Roxanne Moreil et publié en 2018, a obtenu le prix BD Franc-France Inter.

Bibliographie : 

  • Révolution, Younn Locard et Florent Grouazel, Actes Sud/l’An2

  • La traversée du Louvre, David Prudhomme, éditions Futuropolis

  • Soon, Thomas Cadène, Benjamin Adam, éditions Dargaud

  • Ted drôle de coco, Emilie Gleason, éditions Atrabile

  • La rose la plus rouge s’épanouit, Liv Strömquist- éditions Rackham

  • Beverly, Nick Drnaso, editions Presque Lune

  • Les meilleurs ennemis, David B, Jean-Pierre Filiu, éditions Futuropolis (3 tomes)

  • Jours de destruction Jours de révolte, Joe Sacco, Chris Edges, éditions Futuropolis

  • Riche, pourquoi pas toi ?, Marion Montaigne, Pinçon-Charlot

dur, dur… d’être un bébé !

Après la fin de la Seconde guerre mondiale, il y a eu une solution dans la manière des professionnels de penser le bébé. Le bébé n’a plus été considéré comme un nourrisson (le terme même de « nourrisson » le réduisait de fait à un statut de tube digestif plus ou moins passif !), mais comme une personne en devenir, soit un sujet ayant une orientation sociale immédiate et auquel on devrait offrir les conditions de pouvoir être co-acteur de son propre développement. Aussi sacralisé qu’il soit, apparemment, dans nos sociétés actuelles, les adultes ne lui font pourtant pas la vie facile… Comment respecter sa liberté de mouvement physique et psychique, comment renoncer à notre pouvoir sur lui tout en lui donnant un cadre structurant. Le considérer et le proclamer comme l’une de nos dernières utopies s’avère finalement très ambivalente de la part des adultes et probablement très lourd à porter pour les bébés eux-mêmes.

Biographie : Pédiatre, pédopsychiatre et psychanalyste (membre de l’Association Psychanalytique de France), Bernard Golse est ancien chef de service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker – Enfants malades à Paris et professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université René Descartes (Paris V). Spécialiste du développement précoce et des origines du fonctionnement psychique, il s’intéresse tout particulièrement à l’instauration de la communication et des processus de symbolisation. Les relations entre la musique et les racines du langage lui importent au plus haut point.  

fous de l’inde

Quel auteur ne s’est pas demandé ce qu’il faisait perdu au milieu de l’océan (indien) du salon du livre ? Seule solution: se réfugier sur son archipel éditorial et ne plus en bouger en attendant que des lecteurs naufragés viennent s’échouer sur son îlot de sable blanc. Nous proposons à tous les navigateurs à l’Étoile d’aller sur les traces de différents auteurs, fous (comme nous) de L’Inde, au sens littéral, psycho-pathologique ou simplement « Fous de L’Inde » au sens de l’amour de L’Inde…

Biographie : Régis Airault a été psychiatre au consulat français de Bombay. De cette expérience, il a identifié un syndrome indien qui touche les Occidentaux (particulièrement les jeunes). Il semble indéniable qu’en Inde, notre identité vacille. Certains réagissent plus spectaculairement que d’autres.

Bibliographie : 

  • Michaux Henri : Un barbare en Asie, Gallimard

  • Bruckner pascal, Parias, Point.

  • Deleury Guy : Le modèle hindou Ed Kailash

  • Subir kakar : Moksha, belles lettres, ou La folle et le saint Ed seuil.

  • Duras marguerite : Le vice consul, Gallimard

  • Forster : La route des Indes, Le bruit du temps

  • Kipling : l’homme qui voulut être roi, Folio

  • Pascal grellety bosviel Trip indien, de L’inde des hippies à la création de msf, élytis

  • Amit chaudhuri : un ami de jeunesse, Ed Globe

  • J mascolo de philippis Alexandra david Néel : cent ans d’aventures, Paulsen

  • Hesse h : le voyage en orient, livre de poche